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19 juillet 2021, par Charles

La lessive et sa face cachée : entre pollution et destruction

Moins glamour, mais tout aussi intéressant, L’Inventaire souhaite, aujourd’hui, aborder la question de la lessive, étape omniprésente dans notre quotidien. Nous passons tous par la case de la lessive et de la machine à laver, pourtant celle-ci fait désormais l’objet d’une controverse. En tant que produit de la vie de tous les jours, il est intéressant de se pencher sur sa composition et surtout son impact. En effet, bien que cette action nous paraisse totalement anodine, elle ne l’est pas pour l’environnement. 

Malgré son utilité, le moment du lavage soulève actuellement de nombreux questionnements, dont “l’après”. Effectivement, nous pensons généralement au processus de lavage, mais on oublie trop souvent que comme tous les produits, la lessive finit bien sa route quelque part. Mais où ? Et surtout, comment ? C’est la question que nous avons décidé de nous poser puisqu’à la seconde, 230 lessives ont lieu. À l’année, cela fait 7,3 milliards, ce qui est énorme ! 

Le cycle de lavage, comprenant le passage à la machine à laver, au sèche-linge, puis sous le fer à repasser, est estimé à environ 38 % de l’impact environnemental d’un vêtement. Mais pour comprendre un chiffre aussi haut, il faut remonter à la source du problème et aux différents facteurs impliqués dans la pollution liée à la lessive. 

La face cachée du passage à la machine et de la lessive 

Pour comprendre tout ce que la lessive implique, il faut se pencher davantage sur le bilan environnemental qui lui est associé. Il faut savoir que notre vestiaire féminin comme masculin, contient un grand nombre de vêtements conçus à partir de fibres synthétiques. Mais vous allez me dire, quel est le rapport ?

Lors du lavage, à la machine et à la lessive, celles-ci propagent des microfibres de plastique qui ne peuvent être retenues par les stations d’épuration, à cause de leur taille infiniment petite. Cela provoque le fait qu’elles se retrouvent dans les cours des eaux usées, pour ensuite finir leur chemin dans les mers et les océans. Face à la gravité de la situation, le gouvernement a prévu d’instaurer, à compter de janvier 2025, un filtre à microplastiques au sein de chacune des machines à laver.

Également lié, l’aspect énergétique est un des points inquiétants puisque nous avons la fâcheuse tendance de privilégier une chaleur élevée pour chacune de nos machines, que ce soit pour la partie lavage ou la partie séchage. Mais pourtant, un lavage à 30° peut très bien faire l’affaire et offrir les mêmes résultats qu’un lavage à haute température avec une eau à 40° voire 90°, sans les effets négatifs de la consommation.

En effet, un lavage à froid permettrait d’économiser jusqu’à 20 kilogrammes de CO2. Tandis qu’une eau chaude consomme 3 fois plus d’électricité. Mais pourtant, on a toutes les raisons d’adopter un lavage à froid, car c’est limiter les dépenses, l’énergie, les usures, et le gaspillage. En effet, le chaud n’a pas que du bon car il a tendance à entraîner la casse des fibres voire la dégradation des couleurs.

 

Notre rapport au linge sale : les idées reçues 

Constamment obnubilés par la propreté de notre linge, nous en oublions presque ce que provoquent la lessive et le passage à la machine. De fait, la lessive n’a rien d’inoffensif et d’anodin puisqu’elle est généralement composée d’agents tensioactifs, d’agents de blanchiment, de polymères anti-redéposition, d’adoucissants, d’agents complexes, de solvants, de conservateurs et de parfums très polluants et très toxiques pour l’environnement et ses habitants. 

Malheureusement, ce type de composants pourtant nocifs, termine également sa route dans les océans. Conçu la plupart du temps à partir de pétrole, il est possible d’en comprendre les dérives. Et si vous vous posez la question, l’éco-toxicité ne diffère pas selon si la lessive est liquide, en poudre ou bien même en tablette. Le problème prépondérant demeure le manque cruel d’informations et de transparence à propos de la composition de la lessive. En effet, des études effectuées par l’INC démontrent que même les lessives dites écologiques ne sont pas biodégradables.  

Ce n’est pas tout, la faute n’est pas qu’aux lessives puisque nous avons notre part dans l’histoire. Notre culture donne lieu à ce que nous sommes devenus trop préoccupés par la propreté, et que cela devienne excessif si bien que dès que l’on porte le moindre vêtement le temps d’un moment, il passe à la machine directement. Totalement logique lorsque l’on parle de sous-vêtements mais malheureusement cela l’est un peu moins quand on pense aux jeans, aux robes et autres vêtements du même style.

En effet, le PDG de Levi’s tout comme Tommy Hilfiger maintiennent qu’il n’est pas nécessaire de laver un jean ou un pantalon dès utilisation, car cela a tendance à nuire à la fibre et aux couleurs. Le conseil n’est pas de laver entièrement votre pantalon mais plutôt de nettoyer à sec les taches localisées. En effet, conçu en denim ou en toile de Gênes, il est doté d’une grande robustesse et n’absorbe pas les odeurs. En fait, il n’y a rien de plus compliqué que d’évaluer objectivement l’état de son vêtement, au lieu de le mettre directement par réflexe dans la machine.

Quelques idées d’alternatives à adopter au plus vite 

Afin d’éviter de surconsommer et de trop polluer, il suffit alors de laver moins mais mieux. En effet, les Français font en moyenne 5 machines par semaine, ce qui est bien trop important, car les machines ne sont généralement pas optimisées et non au maximum de leur capacité. Entre dépenses énergétiques, eau gaspillée et pollution exacerbée, il n’y a pas que du bon à laver !

Ainsi, n’hésitez pas à privilégier les cycles courts en espaçant les lavages. Vous pouvez également adapter vos achats de mode, en optant pour des fibres plus naturelles ou recyclées, pour contrer l’effet dévastateur des fibres synthétiques et des microparticules. Et si vous voulez tendre vers une routine plus saine et naturelle, les lessives biodégradables seront vos meilleures alliées. Sinon, vous pouvez également vous laisser tenter par une conception maison, pour contrôler vous-même la composition. 

Pour ne pas vous laisser en plan et vous guider dans un premier temps, voici l’une de nos recettes favorites pour une lessive plus écologique. Ainsi, vous aurez besoin de :

Pour 1 litre d’eau : 

  • 50 à 60 grammes de savon de Marseille
  • 2 à 3 cuillères à soupe de cristaux de soude 
  • 2 à 3 cuillères à soupe de bicarbonate de soude 
  • 10 à 15 gouttes de votre huile essentielle favorite 

Le concept est très simple puisque vous n’avez qu’à faire fondre gentiment la lessive, tout en ajoutant au fur et à mesure les autres ingrédients. L’essentiel est ensuite de verser dans un contenu recyclé le tout, en mélangeant bien pour que le mélange soit homogène et que la lessive ne fige pas. Une astuce que nous apprécions particulièrement est de passer le tout à la passette pour limiter la présence de grumeaux. 

Alors à vos ustensiles, c’est à vous de jouer !