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24 février 2022, par Charles

Est-ce que le cuir c’est mal ?

chutes de cuir

Qu’est-ce que le cuir ?

 

Le cuir est une peau animale, rendue imputrescible, fruit de la transformation opérée par les tanneries et les mégisseries.

La peau se constitue de 3 couches :

  • L’épiderme, qui est en contact avec l’extérieur et qui subit les agressions,
  • Le derme, qui est la couche de cellules vivantes, est organisé en un tissu très serré. C’est le lieu de naissance des poils et où sont les terminaisons nerveuses,
  • L’hypoderme, c’est une couche de cellules graisseuses, un tissu lâche, et qui est directement en contact avec les muscles.

Au départ, le cuir est donc une peau qui va subir plusieurs transformations comme le salage, le saumurage, le séchage et le tri.

Désormais, cette matière est partout, ceintures, sacs, gants, chaussures… Nous pouvons porter du cuir au quotidien sans même y prêter attention. Connu comme étant une matière prestigieuse par les consommateurs pour sa qualité et sa durabilité.

Pourquoi le cuir nous est apparu être bien ?

 

La matière bovine nous a paru être le meilleur choix. Son confort et sa résistance sont très difficiles à reproduire artificiellement. Les principaux avantages du cuir animal par rapport au synthétique :

  • presque imperméable à l’eau,
  • tient chaud tout en étant respirant,
  • absorbe l’humidité de la transpiration ce qui empêche les odeurs,
  • très confortable,
  • très résistant.
activité manuelle

Mais alors, c’est quoi le problème avec le cuir ?

 

Revenons sur l’envers du décor de sa fabrication, ou s’entremêlent souffrance et destruction. Rappelons que le cuir est constitué de peaux d’animaux. Ces peaux peuvent être celles des vaches et veaux, mais aussi des chevaux, agneaux, chèvres, cochons, chiens et chats. Lorsque vous achetez et portez des pièces en matière animale, il est quasiment impossible de savoir à quel animal appartenait la peau que vous avez sur vos épaules ou à vos pieds.

porte feuille en cuir

Une cruauté animale

 

Chaque année, plus d’un milliard d’animaux sont abattus pour leur peau. Ils sont mutilés, violentés, terrifiés, puis tués. L’Asie représente 59 % des exportations mondiales de cuir, matière première et produits finis confondus. La réglementation pour la protection animale est loin d’être la même qu’en Europe : elle est soit inexistante, soit boycottée. En Chine, deux millions de chiens et de chats sont tués chaque année pour produire du cuir, et ce, en plus des autres animaux. Le cuir de chien n’est pas étiqueté en tant que tel, il est passé pour de la peau d’agneau. Seul un test ADN de votre vêtement peut vous faire savoir que vous êtes en train de porter de la peau de chien.

Mais la cruauté n’a pas lieu qu’en Asie, elle est partout, et même chez nous. L’Europe pèse un tiers des exportations mondiales de cuir, portée par l’image haut de gamme et de luxe qu’elle véhicule. La France est le 3ème exportateur mondial de cuir et de peaux brutes.

Continuer à acheter du cuir, c’est continuer à fermer les yeux sur la cruauté envers les animaux. Sur leur conditions de vie inadmissibles et terrifiantes. Acheter du cuir, c’est donc contribuer directement à l’élevage et aux abattoirs industriels. Les animaux sont considérés comme des “outils”, des « matières premières », pour satisfaire notre plaisir, notre confort, nos habitudes.

Une catastrophe environnementale

 

Avant même que l’animal soit abattu, l’élevage expose un problème considérable d’un point de vue environnemental. L’agriculture animale est responsable de 14,5 % à 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il représente également la première cause de déforestation.

Le cuir doit avoir un joli aspect, être résistant et souple. Pour cela, il faut fixer des agents chimiques. Ces traitements sont extrêmement polluants et nocifs pour l’environnement. Il s’agit principalement de produits chimiques en tout genre, sels minéraux, dérivés de goudron, colorants à base de cyanure, chrome… Ses procédés sont également très consommateurs en eau.

Les eaux usées et les déchets solides provenant des tanneries sont souvent relâchés dans les rivières, berges de rivière ou à proximité des champs, polluant les eaux et les sols. Certaines tanneries rejettent chaque jour des milliers de litres de déchets toxiques dans des rivières.

Un désastre pour l’humain

 

En raison du danger non-équivoque que la production du cuir représente, il est bien plus arrangeant de délocaliser cette activité dans les pays en voie de développement ou les réglementations sont loin d’être similaires. Cela concerne aussi bien la condition animale que les conditions de travail et de protection sanitaire.

Au Bangladesh par exemple, les travailleurs sont loin d’être équipés pour effectuer le travail demandé. De nombreuses maladies respiratoires, des cancers, des affections de la peau existent. Ces maladies sont le résultat du contact avec les produits toxiques utilisés, notamment le chrome. 90 % des employés de tannerie meurent avant l’âge de 50 ans. Acheter du cuir, c’est aussi soutenir le travail des enfants, car certains travailleurs n’ont que 10 ans.

Qu’en est il du cuir “vegan” ?

 

Ce nom interpelle. Du cuir vegan ? En soit, on est sur le même principe que les steaks végétariens sans viande et ça peut embrouiller quelque peu l’esprit.

Le cuir “vegan” ou “végétal” est un mythe. En France, l’appellation “cuir” est exclusivement réservée aux matières animales transformées afin de ne pas tromper le consommateur sur le produit qu’il achète. Toutefois, le terme se retrouve encore auprès de sociétés étrangères qui ne sont pas soumises à cette contrainte légale.

À notre connaissance, il n’existe pas encore de matière végétale avec toutes les propriétés du cuir. Toutefois, cela ne signifie pas que ces nouvelles matières doivent être mises à l’écart. Elles nous semblent davantage être complémentaires et très prometteuses pour certaines.

fauteuil en cuir
Cuir sur sièges de voiture
Bottes santiag cuir
Atelier cuir à la main
boutique maroquinerie

Quelles sont les alternatives ?

 

Qu’est-ce qui peut remplacer le cuir ? Il existe 2 alternatives aujourd’hui : soit les faux cuirs (cuir “plastique”) soit les cuirs dits végétaux (à base de pomme ou d’ananas par exemple). Nous avons écarté les premiers d’entrée : 100 % issu du pétrole, ils annulent tous les effets bénéfiques du cuir naturel : respirabilité, souplesse, robustesse…

Le cuir synthétique

 

Le simili cuir est une des alternatives au cuir connues de tous. Entre meubles, accessoires de mode, siège automobile… Énormément d’objets en cuir possèdent leurs alternatives synthétiques.

Le cuir recyclé et upcyclé

 

Avec le cuir recyclé, le but est de lutter contre les déchets produits par les industries. Comme vous le savez, le cuir a un coût éthique et écologique très important. Mais si une grande quantité de matière est jetée, l’impact négatif de la production aura été généré en vain.

Mais il y a aussi l’upcycling qui évite la destruction et la reconstitution. Les chutes de cuir ou ce qui est considéré comme un déchet sont alors employés pour réaliser d’autres créations.

Le “cuir” de cactus

 

Le cuir de cactus donne une matière souple et résistante, garantie pour plusieurs années d’utilisation.

Elle est utilisée pour des sièges auto, des chaussures, ou encore des sacs à main.

Le “cuir” d’eucalyptus

 

Le cuir d’eucalyptus est une matière végétale alternative au cuir. Elle a été créée en 2014 par un entrepreneur allemand qui utilise des feuilles d’eucalyptus transformées en fibres.

Le Pinatex ou “cuir” d’ananas

 

Le but de cette alternative au cuir est de récupérer les feuilles d’ananas qui sont jetées après la récolte du fruit afin de faire travailler l’économie locale et de produire de manière durable.

Les matières issues de déchets de fruits

 

Il existe aussi des matières issues des résidus d’autres fruits comme le raisin, la pomme, la banane ou la mangue…Ces matières sont de plus en plus nombreuses à voir le jour avec l’envie de concevoir des matériaux vegans écologiques.

Le Muskin

 

Le Muskin se fabrique à partir d’un champignon parasite subtropical. La particularité de cette matière vient du fait qu’elle n’a besoin d’aucun traitement chimique. C’est donc une alternative très saine.

Le liège

 

Issue des chênes de liège, c’est une matière naturelle à la fois imperméable et résistante. Beaucoup de marques se tournent donc vers cette alternative au cuir, car elle se travaille tout aussi facilement.

Le mot de la fin

 

Le cuir n’est donc pas par essence une mauvaise chose, mais peut effectivement le devenir. Il pourra être plus éco-responsable que certaines matières dites “vertes” ou au contraire, avoir de tristes conséquences selon les normes auxquelles il est soumis.

Il est impossible de garantir un élevage sans souffrance animale, mais nous pensons qu’à court terme, favoriser le développement des petits élevages plutôt que l’élevage intensif est la meilleure stratégie. Nous pensons également qu’acheter du cuir européen, où la presse et les associations de défense des animaux peuvent travailler librement, sont les compléments d’une régulation en la matière, en attendant une traçabilité plus officielle.

Oui pour un cuir tracé, d’origine européenne uniquement, tout en gardant un œil grand ouvert sur de futurs développements végétaux que l’on espère voir s’améliorer de plus en plus. Retrouvez notre guide des matières, pour savoir laquelle choisir pour chacun de vos achats.