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24 juin 2021, par Charles

L’industrie du textile : Les conditions de travail des salariés

Bien que très souvent pointées du doigt, la problématique des conditions de travail liées à l’industrie de la mode et du textile perdure et ne disparaît pas pour autant. Mais pour quelles raisons ? Malgré son impact néfaste sur l’Homme et la planète, certains géants du textile continuent de tout faire pour conserver une main d’œuvre à bas coût.

En implantant et en délocalisant les usines de production  à l’étranger, ces conditions de travail problématiques ont tendance à se faire oublier et être passées sous silence par les consommateurs. En effet, encore de nombreuses personnes préfèrent fermer les yeux sur les atrocités qui ont lieu à propos des conditions de travail de certaines usines et industries.

Pourquoi ? Les raisons sont hésitantes, mais la majorité exprime la volonté de ne pas être mêlé à cela. D’autres privilégient les bas prix et la quantité de vêtements plutôt que de se focaliser sur leur processus de fabrication. Quand d’autres préfèrent simplement ignorer car la distance fait qu’ils ne se sentent pas concernés. 

Malgré tout, cela fait plusieurs années qu’une prise de conscience individuelle puis collective a lieu. Il est possible de faire le rapprochement avec l’effondrement de l’usine du Rana Plaza au Bangladesh, datant de 2013, qui abritait la production de grandes enseignes. Cet événement tragique a provoqué la mort de milliers de travailleurs, en révélant ainsi la triste vérité au grand jour : des conditions de travail dramatiques de l’industrie textile parmi les pays pauvres. Depuis cela, le respect des droits humains, à savoir des artisans et des salariés, est devenu un des premiers critères d’achat.

Mais regardons de plus près les conséquences d’un tel fonctionnement et les solutions pouvant être apportées afin de permettre des conditions de travail saines et respectueuses pour les travailleurs. 

Les conditions de travail : les conséquences de la fast-fashion

  • De faibles salaires

Il faut savoir que ce n’est autre que Peter McAllister, directeur exécutif de l’Ethical Trading Initiative qui a conforté l’idée que le prix d’un vêtement était l’un des indicateurs les plus fiables des conditions de travail. Très souvent soulignée, cette question reste généralement en suspens, sans vraiment trop de réponses. Pourtant il est nécessaire d’y répondre pour davantage comprendre l’impact du prix sur les salaires et les conditions de travail des travailleurs dans l’industrie de la mode et de la fast-fashion.  

Face à la forte demande et à la surconsommation de vêtements au sein des pays occidentaux, l’industrie de la mode a fait le choix de privilégier la quantité à la qualité, en augmentant ses vitesses de production. Prête à jeter si telle ou telle collection n’est pas écoulée, ce n’est pas seulement une question de gaspillage puisque nous assistons clairement à l’expansion d’un esclavage des temps modernes.

C’est cette délocalisation précipitée dans les pays les moins développés qui engendrent ce type de conditions déplorables, dues à la production exponentielle et à la réduction des coûts de production. Les travailleurs ne bénéficient alors même pas d’un salaire décent pour vivre avec le minimum. Le choix de pays sous-développés n’est pas anodin puisque faute de fonds et de financement, ils ne sont que très peu réglementés. Ainsi, il n’est pas étonnant de rencontrer des travailleurs avec des salaires ne respectant même pas les minimales imposées. En Inde ou aux Philippines, c’est presque 50 % des salariés qui font face à cette situation.

Concernant les pays tels que le Bangladesh, l’Éthiopie, le Cambodge, l’Indonésie ou bien même le Viêtnam, ceux-ci dépendent pleinement de l’industrie du textile et en subissent de grosses conséquences. La situation des salariés est extrêmement inquiétante car la majorité d’entre eux n’est rémunérée qu’à hauteur de la moitié d’un salaire supposé décent pour vivre. 

 

  • Des heures de travail non-réglementées

C’est pour ces raisons que les travailleurs se voient incités dramatiquement à effectuer des heures supplémentaires de travail non-réglementées. En effet, ils optent pour cette solution sans en avoir le choix puisque c’est leur survie qui en dépend. Ainsi, cela peut s’élever à 150 h supplémentaires par mois pour obtenir un salaire qui leur permet tout juste de vivre.

À cette problématique s’en ajoute une autre : celle de l’exploitation des enfants. En effet, la triste vérité n’est autre qu’un enfant sur 10 serait contraint de travailler pour l’industrie du textile, dans le monde. 

Face à ces heures de travail sans fin, en moyenne, un travailleur se doit de travailler aux alentours de 14 à 16h, 7 jours sur 7. C’est ainsi l’industrie de la mode qui fixe les délais à respecter, et c’est pour cela que lors de la haute saison, les salariés sont contraints de travailler jusqu’à 3 voire 4h du matin.

N’ayant pas le choix de refuser s’ ils veulent obtenir la paye qui leur est due, ils ne peuvent rien faire d’autre que d’accepter. Un refus peut même aller jusqu’au licenciement et ainsi laisser le salarié dans une situation très critique puisqu’il n’aura plus aucun revenu pour vivre. Il faut savoir que nombreuses des heures supplémentaires, n’étant pas réglementées, ne sont alors pas payées.

Ainsi voilà la triste vérité que tend à camoufler tant bien que mal la fast-fashion. Cette industrie de la mode rapide n’a pas d’autre objectif que de produire plus et surtout à moindre coût. Il faut savoir que c’est justement cette rapidité, à laquelle le produit passe de l’usine de conception aux magasins, qui pose véritablement problème. C’est justement celle qui est responsable en partie de la gravité de la situation des conditions de travail des employés. Ainsi, s’il est impossible de nier que l’environnement et la planète sont les principales victimes de la surproduction, l’Homme peut également être intégré au cœur du cercle vicieux de la fast-fashion. 

 

  • Des conditions de travail insalubres

Se rajoute à l’intensité du travail, les conditions insalubres dans lesquelles les ouvriers doivent travailler. Ils ne peuvent généralement ni boire ni manger pendant leur journée de travail et n’ont parfois même aucun accès aux toilettes. Les conditions sont les mêmes pour les enfants qui travaillent pour l’industrie de la mode. 

Ce type de conditions déplorables a un grand nombre de répercussions puisque cela entraîne le plus souvent de nombreux accidents de travail, des épuisements physiques et moraux, ainsi que de nombreux problèmes de santé tels que l’asthme, les fausses-couches, les maux de dos, les problèmes de vue, voire des problèmes mortels.

En travaillant dans des lieux non-réglementés et non-vérifiés, les travailleurs sont souvent exposés à de multiples substances nocives, toxiques et polluantes qui auront des effets d’une grande gravité sur le long terme. En subissant des contacts réguliers et continus avec ces substances, les travailleurs voient leur espérance de vie réduire considérablement.

Il faut savoir que pour concevoir un vêtement de manière industrielle, il y a alors l’utilisation de pesticides pour l’extraction des matières premières telles que le coton. Des émanations extrêmement toxiques ont également lieu au moment de la conception de matière comme la viscose. Il ne faut pas ignorer que pour teinter, délaver et assouplir, toutes ces étapes vont exposer les salariés à des risques d’une haute dangerosité. Leur santé est donc continuellement mise à rude épreuve.

Contribuer à l’amélioration des conditions de travail du point de vue :

  • de l’OIT 

Pour contribuer à faire évoluer positivement la situation professionnelle des travailleurs, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) a son rôle à jouer. En effet, c’est un des acteurs qui peut impacter grandement leurs conditions de travail. La Constitution de l’OIT indique par ailleurs qu’un “salaire minimum vital pour tous ceux qui ont un emploi et ont besoin d’une telle protection”.

La situation ne doit pas être laissée à l’abandon puisque la Déclaration universelle des droits de l’homme émet le droit d’obtenir une rémunération équitable et correcte. C’est donc un véritable droit fondamental que de pouvoir bénéficier d’un salaire juste et satisfaisant. 

Selon la convention 131, il est également précisé que des salaires minima indexés doivent être mis en place en fonction du niveau général des salaires de chaque pays, du coût de la vie, des prestations de sécurité sociale ainsi que des niveaux de vie des autres groupes sociaux. 

  • des entreprises

Les entreprises en suivant une orientation éthique offrent l’opportunité de favoriser une conception éco-responsable et équitable, même en temps de crise. C’est en privilégiant ce type d’orientation que l’on s’assure de la qualité des conditions de travail des salariés, qui peuvent ainsi travailler dans de bonnes conditions en ayant également un salaire juste. Ces entreprises éco-responsables favorisent la bonne entente entre les ateliers et ceux qui y travaillent. 

Pour veiller à ce que les améliorations soient prises en compte, c’est à l’entreprise de mettre en place des actions mesurables afin de vérifier que les travailleurs reçoivent une paye convenable. En étant membre de l’Accord, il peut y avoir aussi l’intégration d’inspections à l’improviste au sein de l’entreprise pour vérifier le bon respect des conditions de travail saines et éthiques. 

L’idéal est de revoir son modèle économique en veillant à redistribuer une part des bénéfices pour garantir un salaire décent aux travailleurs. 

 

  • des consommateurs 

En tant que consommateur, nous avons également notre rôle à jouer pour favoriser l’instauration de conditions de travail saines. Dans un premier temps, faire preuve de curiosité et d’intérêt peut grandement aider, puisque cela permet de s’informer et de se renseigner à propos du processus de fabrication.

Il ne faut pas hésiter à contrer le moindre doute en questionnant les responsables de la marque, ou en adressant vos questions sur les réseaux sociaux. Connaître les engagements, les valeurs et l’histoire de la marque peut vous donner un aperçu de la démarche de celle-ci et du message qu’elle veut faire passer. 

En repensant notre approche des marques, il est justement possible de réadapter sa consommation en prenant en compte une dimension sociale, sociétale et environnementale. L’essentiel est ainsi de se focaliser sur les marques intégrant une démarche responsable, pour garantir le bien-être des travailleurs.

 

Finalement, les conditions de travail des salariés reposent en partie sur la prise de conscience des consommateurs. En effet, en se questionnant sur la confection de vos vêtements, vous accordez de l’importance aux personnes qui sont dans l’ombre et qui se cachent derrière la fabrication de vêtements. Il est désormais fondamental d’intégrer le respect des hommes et des femmes au cœur de nos modes de production.